Le grand magasin.

Tout de suite en entrant le constat est sans appel :

Je ne suis pas le premier, loin s'en faut, à visiter les lieux.

Je pénètre d'abord dans un grand hall dévasté qui me laisse une impression étrange de désolation.

Il s'agit de l'entrée principale du magasin, avec son comptoir, ses portes en verre et son grand escalier en colimaçon.

Sur ce comptoir, face à un amoncellement d'élastiques cuits par le temps, un combiné téléphonique gît, montrant ostensiblement son appartenance à la firme Panasonic, tandis qu'à quelques pas d'ici un panier vide nous demande de bien vouloir comprendre...

Plus loin dans une alcôve, je découvre un passage à travers ce qu'il est convenu d'appeler les "commodités" et de fait, ce trou béant dans la paroi est bien "commode" pour la suite de mon exploration.

Mais ce n'est pas tout... Le rez de chaussée est intéressant mais depuis que j'ai pénetré dans ces lieux, ce grand escalier rouge et sinueux me fait des oeillades et je suis sur le point d'y céder. La curiosité est un vilain défaut.

Ce que je trouve à l'étage est à l'image du rez de chaussée, une certaine anarchie pouvant même prétendre au titre de "joyeux bordel" règne ici dans chaque pièce.

Ici l'amateur comme le fureteur mais surtout le patient, voire le méticuleux peut trouver son bonheur.

Ici le "tout venant" est de mise et le mot "hétéroclyte" prend tout son sens.

Machinalement me vient à l'esprit le fameux inventaire à la Prévert.

Dans une autre pièce je trouve des chaussures en tous genres, escarpins, baskets, mocassins, talons-aiguilles... Une variation sur le même thème.

Tandis qu'un petit groupe de chaussures d'homme est occupé à piétiner des cintres sans défense, une élégante de taille 38 fait du charme à un soulier verni de trois pointures plus agé qu'elle, le tout sur fond d'ombres chinoises.

Il l'invitera sans doute à danser au son du piano, pensant avoir trouvé chaussure à son pied.

En m'eclipsant je tombe sur un cimetière d'antivols. Ils gisent par centaines.

En voilà qui n'empêcheront plus personne de subtiliser quoi que ce soit !

J'en étais là de mes pensées quand mon regard s'est posé sur ce mot tout en miroir sur le mur devant moi : "sexy"

En bon mâle que je suis je me dis que le plus intéressant est forcément là...

Je ne m'étais pas trompé, ici traînent des objets un peu grivois, mais finalement encore un peu trop sages à mon goût, me voilà frustré !

Bon, il est vrai que je ne suis pas non-plus dans un sex-shop mais j'avoue que je reste un peu sur ma faim.

Puis soudain, dans un recoin sombre de cette pièce, que vois-je ?

"Oups, excusez-moi je sors"

Et c'est sur cette vision d'un ours vert besognant un lapin bleu que je me suis eclipsé. (En voilà deux qui ont tout compris à la mixité !)

Et je laisse le grand magasin replonger dans son sommeil jusqu'à la venue du prochain urbexeur.

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