Château d'eau de 1878.

Après un premier repérage au pied de l'édifice je me rends vite compte qu'il ne faut pas espérer trouver un accès au sol.

Retour au camion que j'avais garé dans un endroit discret et je prends un peu de matériel, à savoir corde, grappin, mousquetons, baudrier et tout ce qui va bien pour jouer à l'araignée qui remonte sur son fil.

Sans oublier le sac contenant le minimum obligatoire pour toute explo, à savoir un appareil-photo, un trépied, deux ou trois lampes d'appoint et un sandwich au jambon serrano.

Je parviens à accrocher mon grappin au bout de la quatrième tentative et je commence mon ascension.

Chance, au bout de huit mètres de remontée sur corde je passe devant une fenêtre qui me semble mal fermée (j'avais repéré ce détail d'en bas mais je n'étais pas sûr du coup) et qui de fait s'ouvre à moitié quand je force un peu dessus.

Je pénètre donc dans le premier niveau de mon château d'eau.

Un beau plafond constitué de voûtes en briques destiné évidemment à supporter un poids élevé et un héxagone central abritant un très bel escalier en pierre.

J'emprunte ce bel escalier en grès rose et j'accède à l'étage suivant.

Là, surprise ! Je m'attendais à tomber sur une immense cuve en maçonnerie de la taille du château d'eau, comme tous ceux que je connais, mais pas du tout.

Il s'agit là de quatre imposantes cuves cylindriques en acier riveté.

Je me trouve juste en dessous de ces cuves dont je contemple le fond arrondi, et elles me semblent se prolonger à l'étage supérieur.

Légère frustration dûe à mon grand-angle qui n'est pas suffisant pour capturer toute la scène, mais on comprend aisément que ces cuves sont placées en carré dans l'édifice et au centre se trouve le puits héxagonal abritant l'escalier.

A l'étage supérieur j'arrive au dessus des cuves... Ou du moins je le pense. En fait il ne reste qu'une cuve dans son format d'origine, les autres ayant été découpées pour je ne sais quelle raison.

Celle qui subsiste est percée de six ouvertures ressemblant à des portes se faisant face... Là encore, interrogation.

Les fenêtres composées de vitraux rétroéclairés par les lumières de la ville se reflètent sur les murs de brique comme des tableaux d'art contemporain rappelant le talent d'un Mondrian ou d'un Vasarelli.

Je remarque avec quel souci du détail travaillaient les ouvriers de l'époque, même les tirants métalliques servant à rigidifier l'ensemble du bâtiment sont ornés de décorations, et chaque élément d'architecture est mouluré.

Je me risque à tenter une sortie sur le toit.

Là je m'accorde une pause bien méritée et je jette un sort à mon sandwich au jambon tout en contemplant la ville endormie juste-là sous mes pieds. Moment privilégié.

Puis vient l'heure de rentrer. Je reprends ce bel escalier en sens inverse et me voici à l'étage par lequel je suis rentré.

J'installe ma corde de façon à pouvoir la récupérer une fois au sol et je me fais une petite descente en rappel jusqu'au plancher des vaches.

Retour au camion avec un sentiment de satisfaction bien légitime.

Une fois de plus, je me suis fait plaisir, j'ai vu de belles choses et j'ai appliqué à la lettre les lois de l'urbex :

Je n'ai rien brisé sauf le silence, je n'ai rien laissé sauf des traces de pas, je n'ai rien pris sauf des photos.

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